Notre monde relatif est un enchevêtrement de croyances et de conditionnements. Notre inconscient collectif est nourri par ces croyances et contribue à façonner le monde tel qu’il est, tel que nous le percevons. Il existe plusieurs niveaux de croyances et de conditionnements.
Retenons qu’à un instant T, une croyance est une vérité pour chacun d’entre nous. La vérité ne devient croyance que lorsque nous nous sommes rendu compte de son caractère impermanent. Ainsi nous parlerons de vérités temporaires et impermanentes, et non de la Vérité.
« Quand nous pensons continuellement que nous sommes insignifiants, notre subconscient se met à le croire. Par conséquent, nous commençons à révéler involontairement nos faiblesses dans toutes nos pensées, paroles et actions. Les autres à leur tour, ne tardent pas à nous identifier à ces faiblesses. » (Amma)
Tout d’abord, nous portons les conditionnements transmis par nos parents qui sont les premiers à nous conditionner par l’éducation et la transmission de valeurs et de principes moraux, d’ambitions, de projections qui vont avec. Puis, nous sommes imprégnés des croyances et des conditionnements de notre microcosme, notre famille, nos amis, notre partenaire, nos collègues de travail. Enfin, nous sommes en lien d’interdépendance avec le monde social dans lequel nous évoluons, qui comprend un panel de croyances et de conditionnements assez large, et qui varie selon des critères tels que le niveau social d’appartenance, l’environnement culturel, la religion, la transmission intellectuelle, les us et coutumes, les normes sociales etc.
Nous tirons également de grandes conclusions de nos expériences de vies qui se transforment en croyances et conditionnements, souvent issus d’une déduction émotionnelle relativement duelle de type désir ou rejet. Selon que nous ayons vécu positivement ou négativement une situation, nous la rangeons dans une catégorie, soit celle du « j’en veux encore » ou dans celle du « plus jamais ça ». Cette approche tout à fait naturelle des expériences de vies nous amène à un auto-conditionnement qui influencera nos choix de vie à venir, avec cet inconvénient, s’il en est un, de limiter notre libre-arbitre. Ainsi nous avons souvent cette illusion d’avoir le choix, mais nous choisissons une solution parmi celles que nous sommes en mesure d’envisager par rapport à nos croyances. Nous avons donc l’illusion de faire un choix éclairé tandis que nous nous contentons d’un choix parmi les possibilités que notre mental a été en capacité d’envisager.
Nous attirons à nous des expériences de vie qui nous ressemblent, autrement dit, qui sont le miroir de nos croyances et conditionnements. Et nous sommes bloqués dans une situation en étant persuadés que nous n’y sommes pour rien et que le sort s’acharne à nous faire revivre inlassablement les mêmes épreuves de vies, les mêmes déceptions, les mêmes souffrances. Outre, un aspect bien plus profond, en lien avec notre incarnation et qui ne peut bien souvent être traité que par des thérapeutes qui travaillent au niveau des mémoires résiduelles du subconscient, ou de l’âme, nous avons un réel pouvoir de transmutation de nos croyances.
Ce qu’il est important de saisir, c’est cette valeur de VÉRITÉ que nous attribuons à ce qui n’est pourtant qu’une simple croyance, qu’un simple conditionnement. Cette vérité est la vérité de quelqu’un d’autre, pas la nôtre. Par conséquent, pour vivre aligné avec notre propre vérité, nous devons lâcher la main des vérités qui ne peuvent nous accompagner sur notre chemin. Dire au revoir à une croyance n’est pas simple et peut nécessiter un véritable travail de pardon et paix. Nous pouvons voir ces croyances comme des vérités qui nous accompagnent sur notre chemin et nous murmurent à l’oreille ce que nous devons/pouvons faire ou ne pas faire.
Voici un petit protocole pour détecter un conditionnement ou une croyance limitante, la regarder en face, comprendre pourquoi nous avons fait ce bout de chemin avec, faire la paix et lui dire au revoir.
1. Détecter une croyance limitante ou un conditionnement désuet
Ce qui nous pousse à observer et détecter une croyance est le constat d’une souffrance répétée ou récurrente, ou encore lorsque notre entourage nous conseille de prendre du recul avec une de nos certitudes.
Prenons un exemple : nous avons presque tous la croyance que nous ne pouvons pas faire entièrement confiance à notre ressenti ou à notre intuition. Or cette croyance est issue de notre éducation. Quelqu’un souffre d’une situation professionnelle qu’il considère comme étant digne de reconnaissance sociale, de valorisation aux yeux des autres. Et malgré les nombreux avantages rationnels que cette personne trouve à son travail, elle ressent de la souffrance psychique et physique. De plus en plus, elle ressent qu’elle n’est pas totalement à sa place mais refuse de se croire, préférant se fier à son mental plutôt qu’à son ressenti. Ce conditionnement est issu d’une éducation où les adultes ont fait comprendre à l’enfant qu’ils savaient bien mieux que lui ce qui était bon pour lui. L’enfant est bien plus connecté à son intuition et à son for intérieur, ainsi lorsqu’il disait qu’il n’avait pas du tout envie de faire quelque chose (manger un aliment, faire un sport, donner un bisou à quelqu’un etc. ) mais que ses parents lui expliquaient qu’il fallait le faire quand même, que c’était ce qu’il y avait de mieux pour lui, alors l’enfant a compris et intégré dans son système de croyance que ce qu’il ressentait, sa guidance intérieure, était fausse et qu’il ne devait pas la suivre.
Ce conditionnement qui nous pousse à rejeter notre ressenti en vertu de la croyance que nous ne savons pas ce qui est bon pour nous, est très présent. Or, une fois que nous prenons conscience que ce n’est qu’un conditionnement, alors nous regardons tous les choix que nous avons fait en suivant la vérité des autres et nous comprenons pourquoi nous ne nous sentons pas alignés.
Il en est de même pour la croyance que nous ne sommes pas dignes d’être aimés tels que nous sommes. Cela fait notamment référence à une multitude de croyances allant du « si tu n’es pas gentille, tu n’auras pas de câlin » (privation d’amour si nous ne nous adaptons pas aux autres), jusqu’à l’implicite « vous rencontrerez un homme qui vous aimera lorsque vous rentrerez dans du 36 avec un derrière rebondi et sans cellulite s’il vous plait », véhiculé dans de nombreux messages publicitaires (conditionnement social).
Une liste exhaustive est totalement impossible, mais retenons ce principe que nous faisons nôtre la vérité de quelqu’un d’autre et que nous sommes en capacité de détecter cette croyance.
2. Comprendre pourquoi nous lui avons tenu la main jusqu’alors
Une fois que nous avons identifié notre croyance, celle qui nous bloque comme : « on m’a toujours dit que j’étais nulle pour étudier » qui nous empêche de reprendre nos études, ou encore le «on sait bien qu’il est impossible d’avoir 5 enfants et une carrière épanouissante », en passant par le « les gens vont me prendre pour une folle si je leur dis que je sais guérir avec mes mains », il faut remonter à la racine de la croyance. Est-ce mon besoin de me faire accepter qui me pousse à nourrir des croyances, au prix du déni de ce que je suis vraiment ? Est-ce un manque de courage qui me fait me conforter dans cette idée que je ne suis pas capable de reprendre mes études ? Est-ce la peur de contester des normes sociales qui font que je ne peux croire à mon rêve d’être à la fois une bonne mère et jouir d’une carrière épanouissante ?
A la racine de tout empêchement il y a une peur ou une blessure qui n’est pas toujours atteignable et qui se tapie dans un coin de notre cœur. Ainsi, nous pouvons utiliser la croyance ou le conditionnement pour remonter jusqu’à cette peur qui ne veut pas se montrer. Nous pouvons aller la sortir de son petit coin d’ombre pour la mettre en lumière.
3. Accepter son existence et faire la paix
Vient ensuite l’étape de la reconnaissance et de l’acceptation de la croyance. Il ne sert à rien de la blâmer puisque nous étions d’accord pour lui tenir la main. Mais nous pouvons la remercier pour cette prise de conscience à laquelle elle nous a amené, pour la peur ou la blessure qu’elle nous a permis de mettre en lumière. Nous pouvons la visualiser sous la forme que nous souhaitons et la regarder s’en aller, ou encore l’envelopper de lumière pour la bénir de nous avoir aider sur notre chemin. Cette croyance qui était une de nos vérités a eu son rôle à jouer, celui de nous conduire vers une partie de nous-mêmes que nous ne pouvions voir, trop douloureuse ou trop sombre pour émerger toute seule.
Ce travail peut prendre du temps. Il est parfois nécessaire d’y revenir à plusieurs fois car la croyance s’accroche, ou c’est nous qui nous accrochons à elle, elle nous est tellement familière qu’elle en devient rassurante. Puis vient le temps des adieux. En acceptant d’avoir vécu avec cette vérité-croyance, nous pouvons accepter de la transmuter, c’est-à-dire de travailler a la dissoudre pour laisser émerger une nouvelle vérité en alignement avec ce que nous sommes vraiment. Mais il est impossible de dissoudre quelque chose dont nous ne reconnaissons ni n’acceptons pleinement l’existence.
4. Lui dire au revoir et laisser notre nouvelle vérité émerger
Pour dire au revoir à une vérité, ou du moins à ce que nous tenions pour vrai, il faut laisser émerger en nous une nouvelle vérité. Lorsqu’elle vient du cœur, cette nouvelle vérité s’installe tranquillement en nous et nous ressentons de formidables sentiments de liberté et d’indépendance. Par exemple, une personne dont les parents sont profondément athées aura un travail de libération de croyance pour laisser émerger sa foi. Son cœur sera libérer de la vérité d’une absence de toute transcendance ou immanence et laissera sa foi exister.
Il ne faut pas forcer une nouvelle vérité à émerger. En revanche, il est conseillé d’écrire ou de définir clairement les qualités que nous aimerions développer ou les nouvelles expériences de vie que nous souhaitons vivre. Ainsi, la vérité profonde qui nous amènera à notre besoin d’évolution, prendra place progressivement.
5. Ne pas s’attacher à cette nouvelle vérité en vertu de l’impermanence de toute chose
Une fois que cette nouvelle croyance que nous tenons pour vérité s’est installée en nous et nous prend par la main pour nous conduire à la prochaine étape de vie, alors il est préférable de la regarder sans s’y attacher car nul ne saurait être certain que nous n’allons pas encore évoluer et faire évoluer par là même, notre système de croyance tout entier.
Gardons à l’esprit que la Vérité se passe de symbole et ne peut être exprimée par des mots. La Vérité se vit en son cœur et si nul ne peut en parler en des termes symboliques tels que les mots, c’est parce qu’elle est indicible. Pour toutes les autres vérités-croyances qui émergent de nos conditionnements et qui influencent notre quotidien, alors nous avons la capacité de les transmuter.
Enfin, il ne faut pas confondre croyances et mémoires. Les mémoires amènent également à des schémas de fonctionnement répétitifs et récurrents mais nécessitent une toute autre approche, souvent avec l’aide d’un professionnel.
La méditation reste une pratique fondamentale pour accéder à nos vérités les plus profondes, et pour certains, jusqu’à la Vérité.
Article trouvé sur le site Méditations Magazines